La prière de moussaf
La prière de moussaf
Le 27 septembre 2025
La prière de Moussaf à Yom Kippour
Un office particulier
L’office de Moussaf de Yom Kippour est unique, car il inclut non seulement la structure habituelle des prières, mais surtout le Seder HaAvoda – la description détaillée du service accompli par le Cohen Gadol au Temple.
Introduction par le chantre
Dans la plupart des communautés ashkénazes, avant la répétition de la Amida, le ‘hazan récite une prière commençant par :
« Hineni heAni mimaas – Je suis le pauvre en actions » (Makhzor Ashkénaze).
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Chez les Ashkénazes et Séfarades, elle est souvent récitée à voix haute, avec une mélodie solennelle.
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Dans d’autres communautés, le chantre la dit à voix basse, comme une préparation intérieure.
Lors de la répétition, on récite également le Vidouï (confession) et les passages de pardon (Selihot), comme à Cha’harit et Min’ha.
Le Seder HaAvoda (סדר העבודה)
La partie centrale de Moussaf est la description détaillée du service de Yom Kippour au Temple (Yoma 35b-70b).
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Le Cohen Gadol entrait dans le Saint des Saints (Kodesh Hakodashim), prononçait le Nom ineffable de Dieu et procédait aux sacrifices expiatoires (taureau, bouc, encens, aspersions de sang).
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Pour rappeler cela, de nombreux piyoutim (poèmes liturgiques) furent composés au Moyen Âge, intégrés dans la Amida de Moussaf.
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Dans la coutume yéménite, le Seder HaAvoda est parfois déplacé après la Amida, par crainte d’interruption.
👉 Ce n’est pas qu’un souvenir historique : les Sages enseignent (Meguila 31b) que la récitation du Seder HaAvoda a une valeur semblable au service lui-même.
Gestes et émotions
Lors du récit du moment où les fidèles se prosternaient dans le Temple lorsque le Cohen Gadol prononçait le Nom ineffable, il est d’usage que toute l’assemblée s’incline et se prosterne dans la synagogue (Choul’han Aroukh O.C. 622:4).
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Cela exprime que nous ne faisons pas qu’évoquer un souvenir : nous revivons symboliquement l’Avoda par la parole et le geste.
Après le Seder HaAvoda, beaucoup de communautés ajoutent des chants décrivant :
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l’apparition lumineuse du Cohen Gadol à sa sortie du Saint des Saints,
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la douleur de la destruction du Temple et de l’exil,
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l’espérance de la reconstruction future.
Variantes de coutumes
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Ashkénazes de l’Est (Lituanie, Pologne, etc.) : récitent un ensemble de Seli’hot intégrées dans Moussaf, parfois très développées.
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Ashkénazes de l’Ouest (Allemagne, Hollande) : limitent ces Seli’hot et n’incluent pas certains piyoutim.
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Séfarades : après Moussaf, ajoutent des piyoutim et Seli’hot en insistant sur la perte du Temple et l’espoir de sa reconstruction.
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Yéménites : placent le Seder HaAvoda et Nefilat Apayim (Ta’hanoun) après la Amida.
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Italiens : récitent également des piyoutim spécifiques propres à leur rite ancien.
Dans certains rites ‘Hassidim Sefard (nusach Sefard), les piyoutim ashkénazes sont conservés, mais on trouve aussi les formules séfarades imprimées dans les Ma’hzorim.
Après la Amida
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Séfarades : ajout de Seli’hot après Moussaf.
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Ashkénazes : disent le Kaddish Titkabal immédiatement après la répétition.
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Yéménites : Seder HaAvoda puis Nefilat Apayim.
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Italiens : piyoutim spécifiques.
Sens spirituel
Le Seder HaAvoda n’est pas seulement un souvenir :
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il fait revivre dans nos bouches le service du Cohen Gadol,
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il nous rappelle l’intimité avec Dieu atteinte dans le Temple,
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et il nous pousse à aspirer à la Guéoula (délivrance) et à la reconstruction du Temple.