Les repas de la veille de Kippour
Les repas de la veille de Kippour
Le 27 septembre 2025
Les repas de la veille de Yom Kippour
La Guemara
La Guemara Bérakhot 8b enseigne :
« Rabbi Hiyya, fils de Rav de Difti, dit : il est écrit (Vayikra 23:32) : “Vous ferez jeûner vos personnes le neuvième jour du mois, au soir”.
Or, jeûne-t-on le neuf ? Ne jeûne-t-on pas le dix ?
Mais cela vient nous apprendre : quiconque mange et boit le neuf, l’Écriture le considère comme s’il avait jeûné le neuf et le dix. »
Difficile à comprendre : comment le fait de manger peut-il équivaloir à jeûner ?
La Halakha
Le Choul’han Aroukh (O.C. 604:1) codifie cette obligation :
« Il est une mitsva de manger et de boire le 9 Tichri. »
Le Rema (O.C. 624:5) ajoute :
« Après Kippour, on mange et on se réjouit car c’est comme un jour de fête. »
Là encore, on est étonné : pourquoi insister sur la joie un jour de jeûne ?
La Mishna Ta’anit 4:8 déclare :
« Il n’y avait pas de jours plus joyeux pour Israël que le 15 Av et Yom Kippour. »
Comment comprendre que ce jour, consacré au jeûne et aux restrictions, soit décrit comme un jour de joie ?
Explications des Richonim
1. Accentuer le jeûne
Certains expliquent : manger abondamment la veille rend le jeûne du lendemain plus difficile. La récompense en est plus grande.
2. Joie de la mitsva
D’autres, comme Rabbénou Yona de Gérone (Cha’aré Teshouva IV:9), disent que :
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Les autres fêtes sont marquées par des repas festifs.
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Comme il est interdit de manger le jour de Kippour, la Torah a fixé la réjouissance du repas à la veille.
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Ainsi, le repas du 9 Tichri devient le repas de fête de Yom Kippour.
Il cite :
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Divrei Hayamim I 29:17 : « Ton peuple réuni ici, je l’ai vu avec joie T’offrir ses dons. »
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Devarim 28:47 : « Parce que tu n’as pas servi Hachem ton Dieu avec joie et de bon cœur. »
Un sens plus profond
Le Séfer Ta’amé HaMinhagim (§735) explique :
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On ajoute du temps profane au temps sacré, afin d’élever le profane vers la sainteté.
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De même, manger le 9 Tichri élève les étincelles de sainteté présentes dans la nourriture.
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Comme Israël tout entier est en état de techouva à Kippour, même l’acte de manger la veille devient une forme d’élévation spirituelle.
La coutume des repas
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Il est d’usage de faire deux repas le 9 Tichri :
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un premier repas dans l’après-midi,
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un second, plus festif, juste avant le début du jeûne (Se’oudat Mafséket).
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On évite les aliments trop lourds (œufs durs, fritures, mets salés), afin de mieux supporter le jeûne.
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On consomme des plats simples et nourrissants (volaille, pâtes, riz, légumes).
Sens spirituel
Le repas de la veille n’est pas une contradiction au jeûne :
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Il exprime la joie de la mitsva, comme un repas de fête,
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Il prépare le corps et l’âme à la journée solennelle de Kippour,
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Il montre que la sainteté ne réside pas seulement dans l’abstinence, mais aussi dans l’usage juste de la matière.
Ainsi, celui qui mange le 9 Tichri accomplit une double mitsva :
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Préparer le jeûne,
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Se réjouir de l’occasion de se rapprocher d’Hachem.