Les Selih’ot
Les Selih’ot
Le 27 septembre 2025
Les Seli’hot – הסליחות
Définition
Les Seli’hot (hébreu : סליחות – « pardons ») sont un ensemble de prières de supplication, récitées pour implorer la miséricorde divine et demander pardon pour les fautes commises par Israël.
Elles sont particulièrement associées à la période des Jours redoutables (Yamim Noraïm), mais apparaissent aussi lors de certains jeûnes publics décrétés par les Sages.
Les sources
Dans la Mishna et le Talmud
La première description d’un office proche des Seli’hot se trouve dans la Mishna, traité Ta’anit (Ta’anit 2:1-5).
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Lorsqu’il y avait une sécheresse prolongée à l’époque du Second Temple, les Sages décrétaient des jeûnes publics.
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L’office se déroulait en plein air :
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lecture de Yonah et Yoël, appelant à un repentir sincère,
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une Amida de 24 bénédictions (au lieu des 18 habituelles),
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supplications et versets bibliques adaptés,
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lectures publiques de la Torah.
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À cette époque apparaissent aussi des prières annexes :
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Mi Sheana – refrain conclusif après chaque bénédiction,
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Avinou Malkenou – dans sa version primitive à 2 vers seulement, mentionnée dans Ta’anit 25b comme ayant fait tomber la pluie plus efficacement que l’office complet.
Dans le Midrash
Le Midrash (Shemot Rabbah 43:3) rattache l’origine des Seli’hot au Psaume 20:2 :
« Que Hachem t’exauce au jour de la détresse. »
Selon Rabbi Yohanan (Rosh Hashana 17b), après la faute du Veau d’or, Hachem enseigna à Moché le secret des 13 attributs de miséricorde (Exode 34:6-7), en lui disant :
« Chaque fois qu’Israël péchera, qu’il récite cet ordre, et Je lui pardonnerai. »
C’est pourquoi les 13 attributs sont devenus le cœur de la liturgie des Seli’hot.
Un autre midrash sur Psaume 47:6 inspira la seli’ha : El Melekh Yoshev, qui introduit ces 13 attributs.
Les Piyoutim (poèmes liturgiques)
Les Seli’hot sont liées au genre des piyoutim, apparu dès les premiers siècles de l’ère commune pour enrichir la liturgie.
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Beaucoup furent composées au VIIᵉ siècle et se diffusèrent dans la plupart des rites.
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Forme : litanies, souvent alphabétiques (ex. Ashamnou Mikol ‘am) ou inversées (ex. Tamanou MeRa’ot).
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Style :
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rythme basé sur la métrique hébraïque,
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rimes ou assonances,
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refrains entraînants (ex. Adon HaSeli’hot).
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Thèmes : l’exil, l’oppression, la faute et la miséricorde, l’espérance.
Les coutumes
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Séfarades : récitent les Seli’hot à partir de Roch ‘Hodech Eloul jusqu’à Kippour (40 jours).
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Ashkénazes : commencent le dimanche avant Roch Hachana, ou une semaine plus tôt si Roch Hachana tombe lundi ou mardi (Rema sur O.C. 581:1).
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Yéménites (Baladi) : dès le début d’Eloul, mais avec un corpus plus court.
Le Choul’han Aroukh (O.C. 581) fixe la coutume séfarade, et le Rema codifie la coutume ashkénaze.
Un commentateur (le Levouch) explique que la coutume ashkénaze s’inspire de la règle selon laquelle les animaux à sacrifier devaient être examinés 4 jours avant (Bamidbar 29:3).
Une autre explication : permettre d’atteindre au moins 4 jours de Seli’hot avant Roch Hachana.
Évolution et fixation
Au fil des siècles, de nombreux nouveaux poèmes furent écrits, mais dès le XVIᵉ siècle, les rites furent fixés :
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Rabbi Yossef Karo (Séfarades) : récitation dès Eloul.
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Rabbi Moché Isserlès – Rema (Ashkénazes) : récitation le dimanche avant Roch Hachana.
Aujourd’hui, chaque rite a gardé son corpus propre, mais certains piyoutim sont universels (comme Adon HaSeli’hot).
Sens spirituel
Les Seli’hot représentent un cri collectif d’Israël :
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reconnaître ses fautes,
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rappeler la miséricorde divine par les 13 attributs,
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transformer la détresse en appel à la réconciliation avec Hachem.
Elles préparent le cœur au jugement des Yamim Noraïm, mais rappellent aussi que, même en exil et sans Temple, la prière reste un substitut aux sacrifices (Hoshéa 14:3 : « Nous offrirons nos lèvres à la place des taureaux »).