Prière de Néhila
Prière de Néhila
Le 27 septembre 2025
La prière de Néhila
Une cinquième prière unique
À Yom Kippour, contrairement aux autres jours où l’on prie Arvit, Cha’harit, Moussaf et Min’ha, une cinquième prière est ajoutée : Néhila (verrouillage).
Elle est ainsi nommée car :
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à l’époque du Temple, elle correspondait au moment où les portes du Heikhal (sanctuaire) se refermaient (Talmud Yoma 87b),
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spirituellement, elle évoque l’instant où les portes du Ciel se ferment, dernière opportunité pour voir nos prières acceptées avant la fin du Jour du Pardon.
Le Rambam (Hil. Tefila 1:7) et le Choul’han Aroukh (O.C. 623:1) codifient que Néhila est une obligation spécifique à Yom Kippour.
Structure et coutumes
🔹 Introduction musicale
Dans de nombreuses communautés, Néhila s’ouvre avec le célèbre piyout :
אל נורא עלילה – El Nora Alila (Rabbi Moïse Ibn Ezra, Espagne médiévale).
🔹 Modifications dans la Amida
Pendant Néhila, on remplace les formulations habituelles « לכתוב בספר חיים – inscrire dans le Livre de Vie » par « לחתום – sceller », car c’est le moment de la Hatima, la signature finale du jugement céleste (Machzorim de toutes traditions).
Le Vidouï (confession) y est récité, mais avec une formulation légèrement différente des autres offices de Yom Kippour.
🔹 Seli’hot
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Ashkénazes : ajoutent les Seli’hot au milieu de la répétition de la Amida, même dans les communautés qui ne les disent pas pendant les autres prières.
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Séfarades (pays islamiques) : les Seli’hot sont dites après la répétition, comme dans les offices habituels.
🔹 Birkat Cohanim (Bénédiction sacerdotale)
Dans la plupart des communautés, le Cohen prononce la bénédiction à Néhila, comme un dernier moment de bra’ha avant la fin du jour (O.C. 129:1, Rama).
🔹 Ajouts spécifiques
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Ashkénazes et Italiens : ajout de Avinou Malkénou.
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Yéménites et Italiens : ajout de Nefilat Apayim (Ta’hanoun).
La conclusion de Néhila
À la fin de l’office, le ‘hazan proclame des versets, repris par l’assemblée :
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Shema Israël (Écoute Israël),
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Baroukh Chem Kevod Malkhouto Le’olam Va’ed,
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Hachem Hou HaElokim (Hachem est Dieu – 7 fois, comme au Mont Carmel avec Eliyahou Hanavi, Mélakhim I, 18:39).
Ensuite, on sonne le shofar :
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Dans la plupart des traditions, un seul Tekia guedola (long son continu).
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Certaines communautés (anciennes coutumes ashkénazes) sonnent un enchaînement complet Tashrat (תשר״ת : Tekia, Shevarim, Terua, Tekia).
Minhaguim de conclusion
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Dans de nombreuses communautés ashkénazes (surtout Europe de l’Est), on conclut par :
« L’année prochaine à Jérusalem ! » (Leshana Haba’a BiYeroushalayim). -
Certains ajoutent : « Dans Jérusalem reconstruite » (Habnuyah).
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Dans d’autres communautés (notamment ashkénazes d’Europe occidentale), cette coutume n’est pas pratiquée.
À noter : dans le Mahzor Ahavat Zekenim (rite de Fès, Maroc), cette formule est mentionnée non pas à Néhila, mais déjà au soir de Yom Kippour.
Sens spirituel
Néhila symbolise le verrouillage des portes :
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non pas pour fermer l’accès,
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mais pour indiquer l’urgence de saisir la dernière occasion d’implorer la miséricorde divine.
Rabbi Haïm de Volozhin enseignait :
« Ce ne sont pas les portes du Ciel qui se ferment, mais le cœur de l’homme qui doit rester ouvert, même après la fin de Kippour. »