LA HANOUKIA : LE CHANDELIER À NEUF BRANCHES

Comment se compose la Hanoukia ?

La Hanoukia est le chandelier utilisé pendant la fête de Hanoucca. Elle comporte neuf branches :

• huit destinées aux lumières de la fête,

• et une neuvième, appelée Shamash, utilisée pour allumer les autres flammes.

À la différence de la Ménorah du Temple qui avait sept branches, la Hanoukia n’a jamais été un objet du Beit HaMikdash. Elle a été introduite comme support pour commémorer le miracle rapporté dans le Talmud (Talmud Bavli, Shabbat 21b).

Le terme “Hanoukia” est relativement récent : il apparaît à la fin du XIXe siècle à Jérusalem, et est attribué à Déborah Ben-Yehuda, l’épouse d’Éliezer Ben-Yehuda, le rénovateur de l’hébreu moderne.

Les critères halakhiques d’une Hanoukia valable

Il existe des Hanoukiot de toutes formes : argent, métal, verre, poterie, modernes ou traditionnelles. Mais un principe doit absolument être respecté pour que la Hanoukia soit conforme :

➡️ Les huit lumières doivent être alignées, à la même hauteur,
➡️ le Shamash doit être séparé, plus haut ou plus bas.

Ces critères sont mentionnés dans le Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Haïm 671 et 673.

Les flammes peuvent être :

• des bougies,

• des lampes à huile (préférées par le Rambam, Hilkhot Hanouka 4,12),

• ou des lampes à gaz pour les allumages publics.

La seconde inauguration du Temple

Hanoucca célèbre la reconsécration du Second Beit HaMikdash, après sa libération par les Maccabim face à l’armée d’Antiochus IV.

Les livres des Maccabées rapportent la purification du Temple (I Maccabées 4,36–59 ; II Maccabées 10,1–8). Le Talmud décrit le miracle de la fiole d’huile retrouvée scellée du sceau du Cohen Gadol :

➡️ elle ne contenait de quoi brûler qu’un jour,
➡️ et pourtant elle brûla huit jours
(Shabbat 21b).

Ce délai permit de produire une nouvelle huile pure pour la Ménorah.

Lumière contre obscurité : le sens spirituel de Hanoucca

Hanoucca est aussi la victoire :

• de la lumière contre l’obscurité,

• de la vérité contre l’assimilation,

• de la Torah contre la culture grecque imposée.

Chaque flamme symbolise la lutte entre les forces du bien et celles du mal, et l’affirmation qu’au final, la lumière l’emporte toujours (Maharal, Ner Mitsva).

Pourquoi huit branches ?

La Hanoukia comporte huit lumières à hauteur égale, contrairement à la Ménorah du Temple.

Pourquoi ?

Parce qu’il est interdit de reproduire la Ménorah du Beit HaMikdash à l’identique, en raison de la sainteté qu’elle représente
(Rambam, Hilkhot Beit HaBe’hira 7,10). Ainsi, la Hanoukia doit être clairement distincte.

Le chiffre huit symbolise aussi ce qui dépasse la nature — le miracle, le surnaturel, le spirituel — comme l’explique le Maharal dans Ner Mitsva.

L’évolution de la Hanoukia à travers le temps

À l’époque des Maccabim

Des rangées simples de huit lampes à huile :

• en argile,

• en métal,

• ou une lampe ronde avec huit ouvertures.

Au Moyen Âge

• Ashkénazes : Hanoukiot en métal (bronze, étain).

• Séfarades : Hanoukiot en poterie.

Au Yémen :

Un petit muret permettait de fixer la Hanoukia au mur. En Allemagne, on voit apparaître des Hanoukiot en forme de lustre avec un Shamash surélevé —
probablement inspirées de la Ménorah du Temple mentionnée dans Shemot chap. 25.

Au Yémen :

On utilisait un bol en pierre spécialement taillé, avec huit rainures pour accueillir l’huile et les mèches.

Le rôle du Shamash

Le Shamash a trois fonctions essentielles (Choul’han Aroukh 673 ; Rama ad loc.) :

1. Allumer les autres lumières, car on n’allume pas une flamme sacrée avec une autre flamme sacrée.

2. Fournir un éclairage profane, pour qu’on ne profite pas involontairement de la lumière de la mitsva.

3. Souligner la sainteté des lumières de Hanoucca, qui ne doivent servir qu’au pirsoumé nissa — la publication du miracle.

Son emplacement peut être libre : au centre, sur le côté, plus haut ou plus bas, tant qu’il est clairement distinct.