Allez sans rancune

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Le 7 février 2022

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Lorsque Machia’h se dévoilera toutes les fêtes disparaîtront sauf les jours de Pourim.

Le Rambam dans les lois de la Meguila Perek 2 halakha 18: “De même, tous les prophètes et les hagiographes disparaîtront eux aussi, à l’exception des cinq livres de la Torah (‘houmach) et de la Meguilat Esther.

Ce même Rambam explique dans les lois des Rois (lois sur le Mashia’h) que lors de son dévoilement il n’y aura plus de famine et plus de guerres, plus de jalousie et de concurrence, car tous les bienfaits se trouveront en abondance, et tous les délices seront dans une quantité telle qu’elles seront comme la poussière de la terre etc’.

La fête de Pourim, commence avec un festin, se prolonge dans le festin et se conclut avec l’injonction d’en faire un chaque année à cette date ainsi que d’autres mitsvot liées à l’alimentation. Pourim c’est tout compte fait un grand festin, on y mange et on y boit du vin ou de l’alcool, plus que de raison.

Quelle est la signification de Pourim, sa spécificité? Il est évident que nous ne pouvons répondre, en quelques lignes, de façon complète à cette question, mais néanmoins nous donnerons quelques éléments de réponses.

Une étude qui débuta il y a plus de 75 ans et effectué par la prestigieuse université d’Harvard sur 724 hommes de toutes classes sociales réunies, a tenté de comprendre le secret de la longévité et du bonheur de l’homme qui pouvait y conduire, la conclusion aujourd’hui est que l’essentiel pour l’homme n’est pas la réussite sociale, la célébrité, ou le taux de cholestérol mais sa relation à autrui, ou pour etre plus precis sa “bonne” relation à l’autre.

Le Créateur, et nos sages n’ont pas attendu qu’un groupe d’hommes d’Harvard se penche sur la question pour savoir que la sociabilité est un élément essentiel, pas uniquement pour vivre heureux, plus longtemps et plus sereinement, mais parce que cela est le secret de la vie tout simplement.

De fait Pourim c’est quatre Mitsvot: La meguila, les dons aux pauvres, les cadeaux aux amis, et le festin.

La meguila se lit a priori à la synagogue avec hommes, femmes et enfants, tout le monde s’y rend, témoignant que l’unité du peuple se perpétue de nos jours. Or se retrouve à la synagogue des hommes et des femmes de toutes origines, de toutes les couches sociales, de tous âges, et c’est la beauté du spectacle que nous contemplons a chaque événement, et que le Créateur apprécié, car ברוב עם הדרת מלך dans la multiplicité du peuple se trouve la splendeur de D-ieu.

Aimer D-ieu n’est pas chose simple, mais en fait on ne se risque pas beaucoup en s’avançant qu’on L’aime, aimer son prochain, son voisin, est une toute autre affaire.

Les dons aux pauvres consistent à donner à au moins deux pauvres une somme confortable, mais des deux, celui qui donne et celui qui reçoit, les sages nous informent que le donneur reçoit bien plus que celui qui reçoit, et nous le vivons tous à chaque fois que nous donnons de notre temps, de notre argent, ou de tout autre chose, cela crée chez nous de bonnes ondes, des hormones salvatrices.

Les cadeaux aux amis, c’est en fait le don a au moins une personne de deux mets de qualité, et sur ce sujet le choul’han aroukh nous apprend que le nec plus ultra du michloah manot n’est pas celui envoyé à un ami, mais à une personne avec qui nos relations se sont dégradées pour des raisons qui le plus souvent n’en sont pas, et je peux vous assurer que ça ressert les liens.

Le festin c’est se retrouver en famille autour de la table, mais la famille peut être étendue, et il existe des festins regroupant plusieurs dizaines de personnes, voire plus, car regroupant la famille “élargie” voire des amies plus ou moins proches.

Vous l’aviez compris la grandeur de ce jour c’est l’amour du prochain, mais ne vous y trompez pas, c’est l’amour du prochain revu par les sages, car c’est l’amour de soi même au bon sens du terme, pas l’amour égoïste, non, l’amour de soi même car reparateur de cette haine, de ses colères qui rongent notre coeur, en font un depotoire des erreurs de lectures, des crises de paranoïa, des analyses erronées.

En effet le langage de משלוח מנות איש לרעהו soit: l’envoi de mets a son semblable, utilise un mot que l’on retrouve dans la Torah lorsque Moché Rabbénou découvre deux juifs qui se disputent et se battent, le langage employé est וַיֹּאמֶר לָרָשָׁע לָמָּה תַכֶּה רֵעֶךָ, Moché dit au “racha” (impi) pourquoi frappes tu ton semblable? Le mot Racha est écrit dans le ‘houmach six fois, dans tous les cas le terme est générique et concerne une description globale, un groupe d’homme, mais dans ce verset le semblable – l’ami – est un Racha, il a une identité, un nom, et Rachi va plus loin puisqu’il leur donne un nom, il s’agit de Datan et d’Aviram, et il explique le mot רעך ton semblable par « un impi » comme toi! D’ailleurs, Moché face à leur comportement conclu ni plus ni moins que le peuple Juif n’est pas … apte à sortir de l’exil.

Et si l’inpi n’était pas l’autre mais un peu moi même, comme un miroir qui me renvoie mon image, parfois avec des rides et des poches sous les yeux, mais pourtant il s’agit bien de moi.

Les dons aux pauvres, ne vous y trompez pas, la Torah nous explique qu’il n’y a de pauvres que les ignorants, en Torah, le riche ne se mesure pas à sa fortune mais à ses connaissances en Torah, de vrais connaissances qui le transforme, et avec lesquelles celui-ci transforme le monde, ca c’est de la richesse, même et surtout après cent vingt ans, ainsi Moche, nous dit la Torah, était immensément riche car il reçu les débris des premières lou’hot, qu’il brisa, en cadeau par D-ieu lui même, pourtant personne ne se souvient de lui comme un homme immensément riche mais comme le maître d’Israël, et la Torah s’appelle Torat Moché.

Le Michté, ce festin familial, vient nous rappeler, comme d’ailleurs toutes les fêtes que l’essentiel sont ces “proches” desquels on “s’éloigne” bien trop souvent, par la force des choses, par négligence ou par dédain.

Lors du don de la Torah le peuple était comme un seul homme avec un seul coeur, condition implicite du don d’une Torah unique provenant d’un D-ieu unique pour un peuple exceptionnel, et lors de la techouva des juifs menacés de mort tous ensemble en un seul jour comme un seul homme, a Pourim, nos sages nous disent qu’ils réalisèrent a ce moment là ce qu’ils avaient reçu sans vraiment comprendre, devenant un peuple unique soudé et conscient de sa différence et de son obligatoire unité.

A la fin des fêtes de souccot, le Rabbi de Loubavitch expliqua une fois le verset קשה עלי פרידתכם: votre separation m’est difficile, et le Rabbi de préciser qu’il n’est pas écrit notre séparation mais « votre » séparation, car on ne se sépare jamais du Créateur, mais de l’autre oui, et la douleur pour D-ieu est grande et difficile lorsque deux juifs se séparent.

Pour conclure ces propos, le Ari Hakadoch préconise de dire avant la prière du matin:

“הריני מקבל עלי מצוות עשה של ואהבת לרעך כמוך”

« J’accepte de prendre sur moi la mitsva (le commandement) d’aimer mon prochain comme moi même. »

La encore le prochain est appelé רעך comme dans ce verset de la Torah évoqué plus haut, car pour demander au Père, au Créateur, même la plus petite demande, se tourner vers lui, alors qu’on porte une haine envers ne serait-ce qu’un Juif, c’est se moquer de Lui, se moquer de l’autre, et c’est se moquer de nous même.

Ye’hida chebanefech c’est le cinquième degré qui dépasse les quatre niveaux connus, quatre fêtes, quatres fils, quatres saisons, et même quatre mitsvot de pourim, le messirout nefesh qui dévoile la yehida chebanefech, yehida: 5eme degre de l’âme qui s’habille dans le nefesh premier degré de celle-ci, car dans les choses “simples” de la vie se cache l’infini, comme dans une meguila qui ne disparaîtra pas quand Machia’h viendra, contrairement à tous les autres prophètes, alors que pas une fois le nom de l’Eternel n’y est rappelé, la yehida le nom de l’unique qui se cache dans le nefesh, une histoire ordinaire un jour ordinaire avec des gens (extra)ordinaires !

Et si Pourim était un entraînement à la présence du Créateur dans l’anodin, et dans ce qui est caché, dans le festin et dans la joie, mais surtout et par dessus tout comme le dit le prophète, et ils résideront ensemble le loup et l’agneau etc… et donc un entraînement à la joie d’être ensemble, dans l’amour vrai et de fait dans la longévité, mais quelle longévité! La vie éternelle.

Rav Itshak Peretz

Catégories : Pourim

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